Les minéraux se cristallisent sous mes pores
Les pierres se meuvent et s’entrecroisent dans une architecture sans colle
Me changeant en œuvre d’art, embellie d’obsidienne, salie par le goudron.
On mine la surface lisse qui me sert d’enveloppe
Pour y découvrir des joyaux fanés
Les étaler à perte de vue
et s’y frayer un chemin
Étincelant, que nul ne s’y perde
Autre qu’une vaine sculpture au centre de ces passages serpentins
Ma forteresse déconstruite
J’émerge en monolithe primordial
Pilier lamentable
Au centre de pâles ruines brutalistes //
Précieux est le roc dont je me vide à petit feu
Il me complète dans mon détachement
Il me rend objet et divisible
Fragments d’abandon et d’idéaux meurtris
Je tousse une procession
Qui étale dans les rues
Le fossile de mon ventre.
Le chef de file pointe au loin
Laisse-le se rompre les dents
Laisse-le mâcher du verre
Je ne me contente que de la poussière
La marche est lente et l’appétit m’étrangle
J’ai faim de la fumée qui m’échappe (de la fumée qui m’échappe)
À la croisée de nos chemins, je cèderai, me laisserai choir
Ma mue s’effritera
Je me noierai dans une substance honteuse
le visage caché, l’intérieur souillé
Fracture mes os de marbre
Décolle mes membres pétrifiés
Dérobe-moi de mes débris
Fais-en étalage sur ton chemin
Laisse-moi me rompre les dents
Laisse-moi mâcher du verre
Fait fondre le bronze, Martèle mon alliage
Détruit la glyptique et disperses-en les cendres